Natalia M King

Le nouvel album "Woman Mind of my Own" inscrit Natalia M King au tableau d’honneur des grandes chanteuses et musiciennes Deep blues, soul et folk. Une célébration sublime du genre « americana ».

Biographie

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Ni remake du film avec Bette Davis, ni documentaire sur la tragique destinée d’une chanteuse américaine exilée en France, cette histoire mériterait pourtant de s’intituler « Qu’est il arrivé à Natalia M King ? ».

L’histoire d’une musicienne aventurière à l’empreinte puissante, à la voix captivante qui sur Woman Mind Of My Own, son 7ème album, pénètre pour la première fois sur un territoire ancien, une terre quasi sacrée, celle du blues, du rhythm’n’ blues, de la musique américaine « enracinée ». Avec au bout, cette merveilleuse sensation de redécouvrir au gré de ces 9 titres, composés par elle ou empruntés à d’autres, la magie d’un style qu’elle soustrait à l’usure du temps.

Avec la juste patine sonore, ni clinquante ni vieillotte, posée sur l’ensemble par le guitariste et producteur Fabien Squillante, Woman Mind of My Own ne relève pas de l’exercice de style ni de la rétromania. C’est au contraire une œuvre de notre temps, un disque holistique qui ne s’arrête pas à célébrer l’Amour avec un grand A comme sur Sunset To Sunrise ou Play On,  mais l’inspire à la manière d’un philtre ; ne se résume pas à l’autoportrait d’une artiste ô combien intense, qui s’est toujours présentée sans fard ni artifice comme le rappelle la chanson titre, mais témoigne d’une condition plus vaste que sa personne, et du courage qu’il faut pour l’assumer. Ainsi d’Aka Chosen fait elle le lieu d’un vibrant « coming out » et le tertre où lancer un hymne d’une portée universelle.

Au début des années 2000, petite sauvageonne dénichée dans un couloir du métro parisien où elle s’efforçait de glaner quelques sous à l’aide de sa voix et de sa guitare, Natalia semblait farouchement déterminée à inventer un style qui n’appartienne qu’à elle, voire antagonique de tous les autres. Au point de dégoupiller coup sur coup deux grenades, Milagro et le bien nommé Furry & Sound. Deux éruptions, deux électrochocs, deux façons douloureuses, pour ne pas dire torturées, d’accoucher d’elle même. Refusant toutes attaches, évitant le moindre enracinement, le moindre soupçon d’allégeance à une quelconque tradition, elle y développait un free-style rock aux guitares comme hérissées de fil barbelé, à mi chemin entre le lyrisme d’un Jeff Buckley et la radicalité formelle d’un Ornette Coleman. Or dix ans plus tard, surprise, on la retrouve sur les traces de Billie Holiday, de Nina Simone  (les albums SoulBlazz et Bluezzin T’il Dawn en 2014 et 2016).  Aujourd’hui, c’est sur celles d’Etta James, de Robert Johnson qu’elle s’épanouit avec Woman Mind of My Own. Alors oui : qu’est-il arrivé à Natalia M King ?

« A un moment donné, jouer une musique qu’on pourrait qualifier d’« alternative » m’a fatigué. C’était devenu d’autant moins excitant qu’entre temps beaucoup s’étaient engouffrés dans la brèche si bien que l’alternatif n’était plus vraiment alternatif. Ca avait pris un furieux coup de vieuxJ’étais venu à ce métier avec la volonté de n’appartenir à aucune tradition, de refuser toutes formes de filiation. Et franchement jamais je n’aurais imaginé à l’époque interpréter du jazz ou du blues. Or je me suis séduite moi même à chanter ça. Je ne me suis jamais produite dans un club, n’ai jamais fréquenté le moindre juke joint dans le sud. Je ne dispose d’aucun  background pour ces genres là. Mais après Soul Braz et Bluezzin’ Till Dawn, l’évolution naturelle était d’aller plus loin, de creuser plus profondément pour atteindre les racines de l’arbre : le blues».

Natalia Maria King est née à la fin des années 60 à Brooklyn, quartier new yorkais qui n’appartient pas à la géographie du blues. Elle a grandi au sein d’une famille mono parentale. D’origine dominicaine, sa mère l’a élevé avec son frère au prix de nombreux sacrifices. Après des études de sociologie et d’histoire, elle lâche les amarres pour traverser les Etats Unis façon beatnick, en stop, en bus Greyhounds avec pour seul viatique un carnet de notes et un courage à toutes épreuves. Laver la vaisselle, livrer des pizzas ou faire des vidanges de moteurs dans un garage, Natalia a exercé divers métiers. Jusqu’à s’embarquer à bord d’un chalutier où elle vide et écaille du poisson péché au large de l’Alaska. De ces expériences elle va puiser force et endurance, enrichir son point de vue sur la nature humaine pour aujourd’hui en nourrir son art. Pourtant rien, de son enfance, de sa vie vagabonde ou de son exil à Paris, où encouragée par les écrits de James Baldwin elle débarque en 1998 une guitare Ovation pour seul bagage, ne la destinait à chanter le blues. « Ca ne m’a pas transmis le blues mais ça m’a rendu curieuse. Curiosité qui à un moment m’a conduit jusqu’à Skip James, John Lee Hooker et Robert Johnson » Le déclic se produit dans un cinéma de Nîmes où l’on projette le film de Wim Wenders Soul of A Man. « Ca m’a foutu un sacré coup de pied au cul. Je pleurais en découvrant l’existence de Skip James. Ce film a été pour moi une initiation. »  Elle qui avait débuté sa carrière avec pour objectif de déconstruire la musique, se retrouve à se reconstruire sur les fondations établies par les figures tutélaires. « Il y a eu la révélation, puis l’acclimatation, le cheminement vers l’appropriation qui passait par le ressentir. Je ne voulais pas faire de l’imitation. Je voulais vivre cette musique dans mon corps. Au fond, ce n’est pas à toi de saisir le blues, c’est au blues qu’il appartient de te saisir ou pas. » De l’étincelle produite par cette révélation, des ébauches de chansons provoquées par elle, Fabien Squillante, fort d’une expérience tout terrain doublée d’une connaissance approfondie des musiques américaines, va concevoir un habillage approprié, dresser un casting haut de gamme (Ismail Benhabylès au piano, Rémi Vignolo à la batterie, Vincent Peirani à l’accordéon, Raphaël Ducasse à la basse, Yves Jaget au mix…) et sceller un esprit au sein duquel Natalia va s’épanouir totalement. « Nous nous sommes retrouvés sur la même longueur d’onde. Quand les choses se font sans effort, ça signifie que c’est bien. Mes précédents albums en demandaient plus. J’avais dû lutter pour les réaliser. »

L’album “ Woman mind of my own” :

 Placé sous de si favorables augures, Woman Mind of My Own accompagne les différentes mues d’une âme bien trempée, révèle toutes les variations d’un caractère soutenu par un talent sans pareil. Si ces 9 chansons nous rappellent forcément quelque chose, elles nous instruisent aussi sur un cœur affamé et jamais rassasié.

Ballade soul typique de l’ère Stax-Muscle Schoals avec section de cuivres idoine, Forget Yourself rapproche ainsi Natalia du trône où les reines absolues de la maladie d’amour que sont Candi Staton et Etta James dictent leurs lois, rendent leur justice.

Tandis qu’elle semble avoir croisé le fantôme de Robert Johnson au fameux carrefour de Clarksdale sur Woman Mind of My Own, elle envoie surPlay On, dans une veine semblable de deep blues du Delta avec guitare resonator ad hoc, un message digne du grand Shakespeare disant : « si la musique est l’aliment de l’amour, alors jouez là… ».

Et puisque le cœur est un chasseur solitaire, le sien rôde, braconne dans toutes les futaies, de la passion torride de Sunrise to Sunset, où elle tient la dragée haute aux deux miss Jones de la chanson (Rickie Lee et Nora), à la mélancolie lascive d’une Karen Dalton sur So Far Away.

Preuve que Natalia ne fait jamais du « à la manière de », quand elle s’empare du One More Try de George Michael c’est pour offrir l’un des moments les plus poignants et les plus personnels du disque. Idem pour les deux autres reprises, le (Lover) You Don’t Treat Me No Good du groupe Sonia Dada où elle « s’écharpe » avec le bluesman néo-zélandais Grant Haua et le Pink Houses de John Cougar Mellencamp en duo avec Elliott Murphy, autre américain exilé en France. Si Woman Mind of My Own est une célébration de cette americana indissociable de son ADN, c’est aussi un baptême avec en point d’orgue Aka Chosen, gospel LGBT où Natalia s’empare de la couronne de l’élue « qui doit contribuer à ouvrir l’esprit de ceux qui pensent que la couleur de peau ou l’orientation sexuelle reste un critère, une valeur … Dire que je suis une élue c’est prendre le contre pied de ceux qui prétendent au contraire que je suis maudite et damnée parce que homosexuelle. ”

The soul of a woman.

Ni remake du film avec Bette Davis, ni documentaire sur la tragique destinée d’une chanteuse américaine exilée en France, cette histoire mériterait pourtant de s’intituler « Qu’est il arrivé à Natalia M King ? ».
L’histoire d’une musicienne aventurière à l’empreinte puissante, à la voix captivante qui sur Woman Mind Of My Own, son 7ème album, pénètre pour la première fois sur un territoire ancien, une terre quasi sacrée, celle du blues, du rhythm’n’ blues, de la musique américaine « enracinée ». Avec au bout, cette merveilleuse sensation de redécouvrir au gré de ces 9 titres, composés par elle ou empruntés à d’autres, la magie d’un style qu’elle soustrait à l’usure du temps.
Avec la juste patine sonore, ni clinquante ni vieillotte, posée sur l’ensemble par le guitariste et producteur Fabien Squillante, Woman Mind of My Own ne relève pas de l’exercice de style ni de la rétromania. C’est au contraire une œuvre de notre temps, un disque holistique qui ne s’arrête pas à célébrer l’Amour avec un grand A comme sur Sunset To Sunrise ou Play On, mais l’inspire à la manière d’un philtre ; ne se résume pas à l’autoportrait d’une artiste ô combien intense, qui s’est toujours présentée sans fard ni artifice comme le rappelle la chanson titre, mais témoigne d’une condition plus vaste que sa personne, et du courage qu’il faut pour l’assumer. Ainsi d’Aka Chosen fait elle le lieu d’un vibrant « coming out » et le tertre où lancer un hymne d’une portée universelle.

Au début des années 2000, petite sauvageonne dénichée dans un couloir du métro parisien où elle s’efforçait de glaner quelques sous à l’aide de sa voix et de sa guitare, Natalia semblait farouchement déterminée à inventer un style qui n’appartienne qu’à elle, voire antagonique de tous les autres. Au point de dégoupiller coup sur coup deux grenades, Milagro et le bien nommé Furry & Sound. Deux éruptions, deux électrochocs, deux façons douloureuses, pour ne pas dire torturées, d’accoucher d’elle même. Refusant toutes attaches, évitant le moindre enracinement, le moindre soupçon d’allégeance à une quelconque tradition, elle y développait un free-style rock aux guitares comme hérissées de fil barbelé, à mi chemin entre le lyrisme d’un Jeff Buckley et la radicalité formelle d’un Ornette Coleman. Or dix ans plus tard, surprise, on la retrouve sur les traces de Billie Holiday, de Nina Simone (les albums SoulBlazz et Bluezzin T’il Dawn en 2014 et 2016). Aujourd’hui, c’est sur celles d’Etta James, de Robert Johnson qu’elle s’épanouit avec Woman Mind of My Own. Alors oui : qu’est-il arrivé à Natalia M King ?

« A un moment donné, jouer une musique qu’on pourrait qualifier d’« alternative » m’a fatigué. C’était devenu d’autant moins excitant qu’entre temps beaucoup s’étaient engouffrés dans la brèche si bien que l’alternatif n’était plus vraiment alternatif. Ca avait pris un furieux coup de vieux. J’étais venu à ce métier avec la volonté de n’appartenir à aucune tradition, de refuser toutes formes de filiation. Et franchement jamais je n’aurais imaginé à l’époque interpréter du jazz ou du blues. Or je me suis séduite moi même à chanter ça. Je ne me suis jamais produite dans un club, n’ai jamais fréquenté le moindre juke joint dans le sud. Je ne dispose d’aucun background pour ces genres là. Mais après Soul Braz et Bluezzin’ Till Dawn, l’évolution naturelle était d’aller plus loin, de creuser plus profondément pour atteindre les racines de l’arbre : le blues».

Natalia Maria King est née à la fin des années 60 à Brooklyn, quartier new yorkais qui n’appartient pas à la géographie du blues. Elle a grandi au sein d’une famille mono parentale. D’origine dominicaine, sa mère l’a élevé avec son frère au prix de nombreux sacrifices. Après des études de sociologie et d’histoire, elle lâche les amarres pour traverser les Etats Unis façon beatnick, en stop, en bus Greyhounds avec pour seul viatique un carnet de notes et un courage à toutes épreuves. Laver la vaisselle, livrer des pizzas ou faire des vidanges de moteurs dans un garage, Natalia a exercé divers métiers. Jusqu’à s’embarquer à bord d’un chalutier où elle vide et écaille du poisson péché au large de l’Alaska. De ces expériences elle va puiser force et endurance, enrichir son point de vue sur la nature humaine pour aujourd’hui en nourrir son art. Pourtant rien, de son enfance, de sa vie vagabonde ou de son exil à Paris, où encouragée par les écrits de James Baldwin elle débarque en 1998 une guitare Ovation pour seul bagage, ne la destinait à chanter le blues. « Ca ne m’a pas transmis le blues mais ça m’a rendu curieuse. Curiosité qui à un moment m’a conduit jusqu’à Skip James, John Lee Hooker et Robert Johnson » Le déclic se produit dans un cinéma de Nîmes où l’on projette le film de Wim Wenders Soul of A Man. « Ca m’a foutu un sacré coup de pied au cul. Je pleurais en découvrant l’existence de Skip James. Ce film a été pour moi une initiation. » Elle qui avait débuté sa carrière avec pour objectif de déconstruire la musique, se retrouve à se reconstruire sur les fondations établies par les figures tutélaires. « Il y a eu la révélation, puis l’acclimatation, le cheminement vers l’appropriation qui passait par le ressentir. Je ne voulais pas faire de l’imitation. Je voulais vivre cette musique dans mon corps. Au fond, ce n’est pas à toi de saisir le blues, c’est au blues qu’il appartient de te saisir ou pas. » De l’étincelle produite par cette révélation, des ébauches de chansons provoquées par elle, Fabien Squillante, fort d’une expérience tout terrain doublée d’une connaissance approfondie des musiques américaines, va concevoir un habillage approprié, dresser un casting haut de gamme (Ismail Benhabylès au piano, Rémi Vignolo à la batterie, Vincent Peirani à l’accordéon, Raphaël Ducasse à la basse, Yves Jaget au mix…) et sceller un esprit au sein duquel Natalia va s’épanouir totalement. « Nous nous sommes retrouvés sur la même longueur d’onde. Quand les choses se font sans effort, ça signifie que c’est bien. Mes précédents albums en demandaient plus. J’avais dû lutter pour les réaliser. »

L’album “ Woman mind of my own” :

Placé sous de si favorables augures, Woman Mind of My Own accompagne les différentes mues d’une âme bien trempée, révèle toutes les variations d’un caractère soutenu par un talent sans pareil. Si ces 9 chansons nous rappellent forcément quelque chose, elles nous instruisent aussi sur un cœur affamé et jamais rassasié.
Ballade soul typique de l’ère Stax-Muscle Schoals avec section de cuivres idoine, Forget Yourself rapproche ainsi Natalia du trône où les reines absolues de la maladie d’amour que sont Candi Staton et Etta James dictent leurs lois, rendent leur justice.
Tandis qu’elle semble avoir croisé le fantôme de Robert Johnson au fameux carrefour de Clarksdale sur Woman Mind of My Own, elle envoie sur Play On, dans une veine semblable de deep blues du Delta avec guitare resonator ad hoc, un message digne du grand Shakespeare disant : « si la musique est l’aliment de l’amour, alors jouez là… ».
Et puisque le cœur est un chasseur solitaire, le sien rôde, braconne dans toutes les futaies, de la passion torride de Sunrise to Sunset, où elle tient la dragée haute aux deux miss Jones de la chanson (Rickie Lee et Nora), à la mélancolie lascive d’une Karen Dalton sur So Far Away.
Preuve que Natalia ne fait jamais du « à la manière de », quand elle s’empare du One More Try de George Michael c’est pour offrir l’un des moments les plus poignants et les plus personnels du disque. Idem pour les deux autres reprises, le (Lover) You Don’t Treat Me No Good du groupe Sonia Dada où elle « s’écharpe » avec le bluesman néo-zélandais Grant Haua et le Pink Houses de John Cougar Mellencamp en duo avec Elliott Murphy, autre américain exilé en France. Si Woman Mind of My Own est une célébration de cette americana indissociable de son ADN, c’est aussi un baptême avec en point d’orgue Aka Chosen, gospel LGBT où Natalia s’empare de la couronne de l’élue « qui doit contribuer à ouvrir l’esprit de ceux qui pensent que la couleur de peau ou l’orientation sexuelle reste un critère, une valeur … Dire que je suis une élue c’est prendre le contre pied de ceux qui prétendent au contraire que je suis maudite et damnée parce que homosexuelle. ”
The soul of a woman.

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